Les chansons interdites… part one

J’avoue qu’avec un titre comme ça on pourrait s’attendre à des incantations à réciter en poncho sous la pleine lune pour ressusciter les morts. Je ne veux pas décevoir les quelques-uns que ça tentait, mais ça sera pas le thème de cette playlist (une prochaine fois peut être ?). Ce mois-ci, on va survoler quelques décennies musicales de censure à travers le monde.

L’aspect intéressant avec le concept de censure, c’est qu’il existe depuis les premières civilisations et qu’il englobe absolument tout ce qui peut exister. On pourrait même pousser la réflexion et imaginer qu’avec simplement une liste de toutes les œuvres, actions ou faits qui ont été censurés, on aurait une idée très précise de la société en question. Ça c’est pour la partie philosophico/historico/sociale. Maintenant place à la musique !

Les premières « censures » musicales ne sont pas répertoriées précisément, mais on sait qu’en Grèce antique déjà, Platon invitait à rejeter un type de musique trop harmonieux qui empêcherait la vertu dans la cité… pourquoi pas. Les exemples dans l’Histoire sont nombreux et nous allons aborder dans cette première playlist différents cas de censure au XXe siècle dans 3 pays.

France

La chanson de Craonne (1915) fait partie des premières chansons interdites durant la guerre car considérée comme antimilitariste, défaitiste, anticapitaliste, communiste et poussant à la mutinerie (rien que ça). Le commandement militaire interdit la diffusion de la chanson et aux soldats de chanter ou fredonner cet air. Plus de cent ans plus tard (en 2016), le secrétaire d’État en fonction refusera même que la chanson soit entonnée lors d’une cérémonie militaire.

 

Nouvelles guerres, même combat. Durant le conflit en Indochine et au commencement de la guerre d’Algérie, Boris Vian chante en 1954 Le Déserteur qui sera interdite de diffusion à la radio  pour cause d’antipatriotisme. La chanson sera reprise et transformée en « The Pacifist » aux États-Unis pour lutter contre la guerre du Vietnam et contre l’invasion de l’Irak quelques années plus tard.

 

Grand favori de la censure en France, Jean Ferrat a vu beaucoup de ses titres interdits tout au long de sa carrière. Nuits et Brouillard sorti en 1963 traite de la déportation juive durant la Seconde Guerre Mondiale. Le titre sera interdit de radio mais sera largement écouté et même récompensé.  Pacifiste et fidèle à une idéologie communiste, il ironise lui-même sur la censure qu’il subit en disant : « Quand on n’interdira plus mes chansons, je serai bon à jeter sous les ponts… »

 

 

Angleterre

Direction l’Angleterre maintenant. En 1977, les Sex Pistols sortent leur deuxième single intitulé God Save The Queen. Il sera tout d’abord interdit sur les ondes, puis privé de la 1ere place du hit parade par une manipulation de la BBC pour cause de paroles portant atteinte à la politique anglaise.

 

Le groupe The Cure attira lui aussi la polémique autour de leur première chanson : Killing an Arab, sorti en 1979. L’auteur des paroles justifie le titre du morceau en expliquant qu’il fait référence au roman L’étranger d’Albert Camus. Le groupe est intervenu de nombreuses fois contre l’utilisation de leur chanson comme un hymne guerrier lors de la Guerre du Golfe ou lorsqu’il est repris par le Front National Britannique.

 

Et on reste en Angleterre avec un groupe que vous connaissez tous (et si c’est pas le cas, il vous reste quelques secondes avant de les découvrir) : les Beatles. Leur titre The Ballad of John and Yoko a connu un grand succès en Angleterre mais a été censuré par un grand nombre de radios aux Etats-Unis pour avoir utilisé les mots « Christ » et « Crucify » dans la chanson.

Petite remise en contexte pour comprendre la rivalité entre les Beatles et les États-Unis conservateurs. En 1966, John Lennon répond à une interview durant laquelle il dira « Aujourd’hui nous sommes plus populaires que Jésus » ce qui provoqua une vague d’indignation énorme, des menaces de mort du Ku Klux Klan à John Lennon et une interdiction à la radio de la plupart de leur titre. Une nouvelle preuve de la grande ouverture d’esprit des chrétiens conservateurs ?

 

États-Unis

Nous sommes maintenant aux États-Unis en 1939. La ségrégation raciale bat son plein et le lynchage envers les populations noires et une pratique encore trop répandue dans tout le pays. Billie Holiday interprète cette année là Strange Fruit, un titre qui va devenir le symbole de la lutte contre le racisme. La chanson sera alors interdite dans de nombreuses radios pour cause d’incitation au communisme.

 

En 1985, un groupe de pression américain décide de fonder le « Parental Advisory », une  étiquette présente sur les albums musicaux et censée protéger la jeunesse contre des musiques qui pourraient parler de drogue, d’alcool, de sexe ou de violence. L’année de sa création, 15 titres populaires ont été sélectionnés comme potentiellement dangereux, dans lesquels on retrouve des artistes comme Prince, Madonna ou encore AC/DC. Avec Darling Nikki, Prince entre dans cette liste pour incitation au sexe et à la masturbation.

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La fameuse étiquette de protection pour préserver la jeunesse.

BONUS

Le petit bonus de cette playlist est la publication de cette liste qui nous vient droit de l’URSS (oui il faut se replonger en contexte de Guerre Froide) et qui nous propose de découvrir les artistes dangereux et interdits au moment de la création du document en 1985. Julio Iglesias était donc Néofasciste… Merci l’URSS !

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Liste des chansons non recommandées par l’URSS, publiée par Consequence of Sound

Pour conclure cette première partie des chansons interdites, écoutons ce titre qui va sûrement vous inciter à la violence (c’est pas moi qui le dit c’est la Russie) mais je prends le risque. En attendant la prochaine playlist, bonne écoute !

 

 

 

 

 

 

 

 

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